Qu’est-ce que l’anesthésie locorégionale intraveineuse ou bloc de Bier ?
Imaginez que vous devez subir une petite intervention chirurgicale sur votre main, votre pied ou votre cheville. La simple pensée de l’anesthésie générale vous rend nerveuse. Il existe des techniques alternatives et/ou complémentaire pour rendre votre expérience chirurgicale plus agréable. C’est là qu’intervient l’anesthésie locorégionale soit péri-nerveuse soit intraveineuse
En quoi consiste la technique intraveineuse ?
Ce bloc est une méthode d’anesthésie qui permet d’engourdir une partie spécifique du corps, généralement une extrémité comme la main ou le pied, sans affecter votre conscience. Plutôt que de vous endormir complètement, cette technique cible la zone à opérer, rendant l’intervention plus précise et limitant les effets secondaires.
Comment se fait le bloc de manière intraveineuse ?
Accueil et préparation du patient
Le patient est d’abord confortablement installé dans le lit pour l’opération. Les médecins et infirmiers veillent à ce qu’il se sente à l’aise et en sécurité. Le patient peut alors poser toutes les questions qu’il aurait aux personnes qui l’entourent, permettant ainsi de réduire l’anxiété et d’assurer une bonne compréhension de la procédure à venir.
Mise en place des cathéters
Le processus commence par la mise en place de deux cathéters veineux, sur deux extrémités différentes. Le premier cathéter, placé sur un membre qui ne sera pas opéré, assure la sécurité et le confort du patient tout en permettant l’administration de médicaments si nécessaire pendant l’intervention. Le second cathéter est inséré dans le membre à anesthésier et servira à injecter l’anesthésique local.
Application du garrot
Ensuite, un garrot est appliqué sur le membre à anesthésier pour stopper temporairement la circulation sanguine. Cette étape est cruciale car elle empêche le médicament anesthésique de se répandre dans tout le corps, le confinant ainsi à la zone spécifique nécessitant l’anesthésie. Le garrot est placé de manière qu’il soit bien ajusté mais pas inconfortable pour le patient.
Injection de l’anesthésique
L’anesthésique local est ensuite injecté via le cathéter placé sur le membre à anesthésier. L’anesthésique local utilisé est généralement choisi pour sa rapidité d’action et son efficacité à engourdir la zone cible. L’injection est réalisée avec précaution pour éviter tout inconfort inutile. Le patient peut ressentir une légère sensation de pression ou de picotement lorsque le médicament commence à faire effet. Une fois l’anesthésique injecté, le cathéter du membre opéré est retiré.
Le garrot empêche le médicament de quitter la zone ciblée, ce qui permet une anesthésie efficace et localisée. En quelques minutes, l’anesthésique prend effet, engourdissant complètement la zone à opérer. Durant cette période, le médecin surveille attentivement le patient pour s’assurer du bon déroulement et pour ajuster le garrot si nécessaire.
Début de l’intervention
Une fois que l’anesthésie est en place, l’intervention chirurgicale peut commencer. Le chirurgien procède alors en sachant que la zone est bien anesthésiée et que le patient ne ressentira aucune douleur. La durée de l’intervention peut varier, mais elle est généralement courte et ne dépasse pas 60 à 90 minutes.
Fin de l’anesthésie
Après l’intervention, le garrot est retiré progressivement pour permettre au sang de circuler de nouveau dans le membre. Cette étape est effectuée lentement pour éviter tout malaise ou effet secondaire soudain. Le retour à la circulation normale du sang permet à l’anesthésique de se dissiper progressivement, et le patient retrouve peu à peu toutes ses sensations dans la zone traitée.
Pour quelles opérations ce type de bloc peut-il être utilisé ?
Cette technique est particulièrement adaptée pour les interventions chirurgicales ambulatoires et de courte durée, ne dépassant pas 60 à 90 minutes. Elle est idéale pour les opérations sur les extrémités des membres, l’avant-bras, la main, les chevilles et les pieds. Voici un quelques exemples concrets en chirurgie de la main où ce type de bloc peut être couramment utilisé : réparations de tendons, chirurgie du syndrome du canal carpien, Maladie de Dupuytren,…
Ce bloc présente certains avantages par rapport à d’autres méthodes d’anesthésie
- Récupération rapide : Étant donné que le patient reste conscient pendant l’intervention, le temps de récupération est généralement plus court. Les patients peuvent souvent rentrer chez eux plus rapidement qu’après une anesthésie générale.
- Moins de nausées post-opératoires : Les nausées et les vomissements, courants après une anesthésie générale, sont beaucoup moins fréquents avec l’anesthésie loco-régionale. Cela améliore considérablement le confort du patient après l’intervention.
- Diminution des risques associés à l’anesthésie générale : L’anesthésie générale peut comporter des risques comme les réactions allergiques, les complications respiratoires et les troubles cardiaques. L’anesthésie loco-régionale bien contduite réduit ces risques.
- Anesthésie ciblée : Ce bloc permet une anesthésie très ciblée, limitant les effets du médicament à la zone spécifique nécessitant l’intervention.
- Simplicité et efficacité : La technique est relativement simple à mettre en place et efficace pour les interventions de courte durée sur les extrémités.
Anticiper la levée de bloc et le réveil !
Comme toute technique et bien que l’anesthésie locorégionale intraveineuse soit souvent considérée comme plus facile à réaliser que les blocs nerveux périphériques (BNP), elle présente néanmoins certains inconvénients comme sa courte durée d’action ou l’inconfort causé par le garrot. De plus, elle n’offre pas d’analgésie (effet anti-douleur) en post-procédure. Afin de palier à ces inconvénients, différentes techniques peuvent être utilisée :
- Connaître précisément les médicaments et la technique : Une connaissance précise du mélange d’anesthésique local à injecter ainsi que des subtilités pratiques de mise en place.
- La technique double garrot : Alternance dans le gonflage des deux garrots. Le garrot activé restant se trouvant en position du bras endormi.
- Anticiper le réveil de la partie anesthésiée : Infiltration locale, antidouleur par la veine ou par la bouche en fin de procédure, relais antalgique immédiat…
Cependant, en termes d’antalgie post-procédure, un bloc nerveux périphérique est la meilleure technique pour maximiser le confort immédiat d’un patient. Le réveil de la partie anesthésiée est décalé dans le temps.
Conclusion
L’anesthésie locorégionale intraveineuse, ou bloc de Bier, constitue une option parmi les techniques disponibles pour les anesthésistes, particulièrement adaptée à la pratique ambulatoire. Elle permet ainsi de proposer une anesthésie personnalisée à chaque patient, offrant une alternative à différentes méthodes, comme l’anesthésie générale ou les blocs nerveux périphériques (BNP). Ce type d’anesthésie accompagnée d’une sédation lors de sa mise en place ou durant la procédure pour optimiser votre confort et tranquillité.