Plusieurs études ont démontré que les déchets du bloc opératoire représentent environ 20% à 30% des déchets totaux d’un hôpital (1). Parmi ceux-ci, 25% des déchets du bloc opératoire sont générés par l’anesthésie (2). Parmi ceux-ci, l’anesthésie génère 25% des déchets du bloc opératoire. Face à ce constat, des stratégies de gestion des déchets, notamment l’approche des 5R : « reduce < reuse < recycle < rethink < renewable energies » (3). Cette approche vise à minimiser la quantité de déchets en réduisant leur production autant que possible, tout en réutilisant ou recyclant tout ce qui peut l’être.. Elle encourage également à repenser les cycles de vie et les coûts matériels des outils utilisés. Enfin, cette stratégie met l’accent sur l’importance de privilégier les énergies renouvelables autant que possible.
Dans le contexte de la gestion des déchets, cet article décrit les possibilités de limiter l’impact sur notre environnement.
Réduire
On peut réduire l’impact environnemental en choisissant des outils avec moins d’emballages ou des emballages recyclables, ainsi qu’en économisant des matériaux et des ressources. Personnaliser le choix du matériel nécessaire pour la prise en charge des patients offre une certaine marge de manœuvre. Cela permet de minimiser l’utilisation de ressources. Il est également possible d’éliminer les outils superflus ou inutiles.
De plus, des stratégies pour diminuer la quantité de déchets générés sont pertinentes. Par exemple, certains médicaments d’urgence en anesthésie sont parfois préparés à l’avance, mais les seringues non utilisées sont jetées à la fin de la prise en charge. Les CIVAS (Centralized Intravenous Additive Service) sont des médicaments conditionnés en seringues prêtes à l’emploi. Ils peuvent être utilisés comme drogues d’urgence pour plusieurs patients, à condition de ne pas les ouvrir ni les utiliser.
Réutiliser
Dans certains cas, on peut privilégier l’utilisation de matériel réutilisable et recourir à la stérilisation. D’un point de vue environnemental, le nettoyage ou la stérilisation de certains outils consomme une grande quantité d’eau et d’électricité. Le processus de stérilisation de certains outils génère également des gaz à effet de serre, ce qui a un impact environnemental significatif. Inventer des techniques moins polluantes est nécessaire.
Recycler
Dans le bloc opératoire, le tri adéquat des déchets et leur recyclage constituent le pilier principal d’une bonne gestion des déchets.
Dans un premier temps, il est important de connaître la différence entre les deux grandes catégories de déchets (4). :
1) Les déchets médicaux régulés : potentiellement contaminés ou dangereux lors de leur manipulation, ils sont difficiles à recycler et finissent en grande partie incinérés.
2) Les déchets médicaux domestiques : sans risque de contamination ou de danger physique et/ou radioactif, comme le papier, le verre et le plastique, ces déchets peuvent être isolés pour être recyclés séparément.
Dans la pratique de l’anesthésie, la quantité d’emballages en plastique, papier et verre est conséquente. Encourager l’action de trier permet de recycler facilement ces déchets. Des études montrent que le manque d’infrastructures adaptées freine considérablement le tri et le recyclage. En implantant des infrastructures intuitives et adaptées, comme des bacs ou sacs libellés ou de couleur, on stimulera et facilitera le tri des déchets.
Repenser
Le schéma de société de consommation dans lequel nous vivons est également la règle dans le monde de la santé. Il est désormais nécessaire d’inventer, de créer, de rendre possibles des alternatives aux systèmes et habitudes établies pour diminuer l’impact écologique de la santé sur notre planète. Notre imagination constitue un puissant moteur pour des changements d’habitude qui amélioreront notre manière de consommer et de polluer.
Energies renouvelables
Un grand nombre de processus en santé consomme beaucoup d’énergie, notamment dans les blocs opératoires. Ceux-ci pourraient être alimentés par des sources d’énergies renouvelables. Par ailleurs, couper certains appareils toujours en veille la nuit ou les week-ends, par exemple, permettrait d’économiser les ressources.
Rendre les blocs opératoires plus verts : un défi de taille
La gestion des déchets dans le monde du bloc opératoire représente un enjeu majeur pour une pratique de l’anesthésie plus écologique. Le système de la santé doit relever ce défi. Comme souvent, cela nécessite un grand nombre de petits changements dans la pratique quotidienne. Mis bout à bout, ces efforts permettent d’atteindre l’objectif de rendre les blocs opératoires plus verts.
Lisez également : Pour une anesthésie plus respectueuse de l’environnement.
Si ce sujet vous a intéressé, notre prochain article sur l’anesthésie écologique sortira fin automne 2024 !
1) Erwan d’Aranda, Jérémie Garnier, Juliette Marcantoni, Gestion des déchets liés aux soins au bloc opératoire, Le Praticien en Anesthésie Réanimation, Volume 25, Issue 5, 2021, Pages 223-232, ISSN 1279-7960,
(2) McGain E, Hendel SA, Story DA. An audit of potentially recyclable waste from anaesthetic practice. Anaesth Intensive Care. sept 2009;37(5):820 3
(3) White SM, Shelton CL, Gelb AW, Lawson C, McGain F, Muret J, Sherman JD; representing the World Federation of Societies of Anaesthesiologists Global Working Group on Environmental Sustainability in Anaesthesia. Principles of environmentally-sustainable anaesthesia: a global consensus statement from the World Federation of Societies of Anaesthesiologists. Anaesthesia. 2022 Feb;77(2):201-212.
(4) Pradere B, Mallet R, de La Taille A, Bladou F, Prunet D, Beurrier S, Bardet F, Game X, Fournier G, Lechevallier E, Meria P, Matillon X, Polguer T, Abid N, De Graeve B, Kassab D, Mejean A, Misrai V, Pinar U; Sustainability Task Force of the French Association of Urology. Climate-smart Actions in the Operating Theatre for Improving Sustainability Practices: A Systematic Review. Eur Urol. 2023 Apr;83(4):331-342.
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